Certaines glossites peuvent survenir de manière accidentelle ; d’autres revêtent une forme chronique, d’autres encore récidivent par poussées. Certaines apparaissent de façon caractéristique dès l’enfance. Les circonstances d’apparition sont donc essentielles pour le diagnostic. Contrairement à celle due au « symptôme de la langue brûlante », la gêne provoquée par les glossites ne s’apaise ni la nuit, ni pendant les repas (au contraire !). Il faut toujours veiller à exclure de l’alimentation tout produit irritant qui ne ferait qu’entretenir ou même aggraver les lésions (voir la page « Comment s’alimenter ? « ). Les glossites peuvent avoir une multiplicité de causes. Certaines, telles la glossite de Hunter ou encore le syndrome de Gougerot Sjögren (voir plus loin) sont le reflet d’une maladie plus générale – c’est donc cette maladie qu’il conviendra de soigner. Ces glossites n’entrent de ce fait pas directement dans notre cadre. D’autres encore peuvent avoir une cause mécanique, allergique, bactérienne, virale, etc. ou encore, génétique… – souvent difficile à reconnaître. Si beaucoup, en dépit de la gêne importante qu’elles occasionnent, sont dépourvues de toute gravité, d’autres en revanche, en raison du risque d’évolution maligne qu’elles présentent, n’entrent pas dans notre cadre. Divers examens pourront donc s’avérer nécessaires avant qu’un diagnostic puisse être posé avec certitude : Prélèvement bucco-lingual (c’est-à-dire simple frottis à la recherche de champignons ou bactéries), prise de sang à la recherche d’une augmentation des Ige signant une allergie, tests d’allergie, analyse sanguine ou parfois de cheveux afin de dépister d’éventuelles carences en vitamines ou oligo-éléments, parfois biopsie. De plus, plusieurs affections peuvent coexister : il arrive qu’à la maladie initiale vienne s’ajouter une infection secondaire (par ex. une mycose), ce qui complique encore et le diagnostic, et le traitement qui devra en premier lieu viser à éliminer la surinfection. Dans tous les cas, vos propres observations seront très précieuses.
En dehors des irritations mécaniques en général aisément détectables (arête dentaire, prothèse mais plus rarement tic – mais attention! un tic peut aussi être non pas la cause, mais la conséquence d’une glossite !), l’inflammation de la langue peut être d’origine (1) : radiothérapique (pouvant s’accompagner de glossodynie et de macroglossie) : Les séquelles de traitements radio-thérapiques sont traitées par les eaux thermales de St Christau dans les Pyrénées Atlantiques ou Castéra-Verduzan dans le Gers. Voir renseignements et témoignages à la page » Glossopathies et cures thermales. » (2) : chimique et médicamenteuse : Produits dentaires, antibiotiques (les uns comme les autres fréquemment incriminés), anti-inflammatoires (érosions et ulcérations bucco-linguales), etc. Une douzaine de cas de guérison° ont été rapportés après suppression de certains dentifrices, remplacés par des produits moins agressifs. Parmi les produits mal supportés° ont également été citées certaines eaux dentifrice. A noter qu’érosions et ulcérations peuvent survenir des semaines après la prise d’un médicament (carbamazépine, streptomycine, sels d’or…). La guérison de ce type de stomatites est reconnue longue et difficile. (3) : allergique : on retrouve les médicaments déjà cités, mais aussi : Les pénicillines, les barbituriques, l’aspirine… ainsi que certains aliments, les uns comme les autres pouvant être cause soit d’urticaire, soit d’un œdème non prurigineux (allergie immédiate) (1). Parmi ces aliments citons notamment : crustacés, agrumes, fraises, ananas, tomates, artichauts, aubergines, persil, céleri, épices, etc.
Nombre de médicaments peuvent aussi provoquer une éruption dite fixe, c’est-à-dire des érosions, vésicules ou bulles présentant la particularité de récidiver aux mêmes endroits (barbituriques, tétracyclines, etc.)
A signaler aussi, des glossites de contact (réaction de type retardé, avec érythème plus œdème plus ou moins marqué) dues par exemple aux produits de beauté, rouges à lèvres, pommades pour les lèvres à base de Baume du Pérou notamment, dentifrices, chewing-gums, matériaux de prothèses dentaires (voir » glossopathies et traitements dentaires « ), adhésifs dentaires, anesthésiques locaux, papier cigarette ou bois de pipe, additifs alimentaires, certains aliments tels que les poissons, noix, fraises, tomates, épices, etc. Dans tous ces cas, seule une observation attentive de votre part, doublée d’une minutieuse enquête conduite par un allergologue (tests, régime monotone excluant tout allergène potentiel puis réintroduction progressive des aliments exclus) permettra de débusquer le coupable. Le traitement est celui de l’allergie : suppression de l’allergène, à défaut médicaments antihistaminiques ou encore désensibilisation.
(4) alimentaire : il peut s’agir : Soit de glossites d’aspect variable (voir page consacrée aux vitamines), mais souvent accompagnées de glossodynie, dues à différentes carences en : Vitamines A, B1, B2, B3, B5, B6, B8, B12 – Fer – Zinc (épaississement épithélial et parakératose) – Acide folique – Protéines (atrophie des papilles, aspect lisse et érythémateux). Parfois dus à une malabsorption (1), ces troubles peuvent aussi atteindre des catégories de personnes davantage exposées à certaines carences : personnes âgées, femmes enceintes ou sous contraception orale, sportifs, fumeurs et consommateurs d’alcool. (11) Ces personnes qui doivent rééquilibrer leur alimentation, pourront, en sus du traitement médical, se trouver bien de la consommation régulière d’un complément alimentaire : levure de bière° (plusieurs cas d’amélioration ou guérison signalés, germe de blé, propolis (10) (une guérison signalée°). Voir les rubriques : » Glossopathies et vitamines « , » La Propolis « , et » Glossopathies et médecines douces « .
Soit de glossites d’origine digestive: … problèmes dits hépatiques provoquées par l’intolérance à certains aliments : plusieurs témoignages de guérison après suppression du lait, fromages et notamment gruyère (remplacés par une supplémentation en calcium)… ou encore irritations dues à un excès d’acidité gastrique remontant dans l’œsophage et jusque dans la bouche (en particulier en position couchée). Ce type de glossite est connu des homéopathes. L’amélioration passe aussi par un régime adapté, c’est-à-dire la suppression des aliments favorisant l’acidité (café, sucreries, etc.).
Enfin sachons qu’alcool et tabac peuvent aussi être responsables de glossites.
(5) bactérienne : Aphtoses notamment. Le Lyso 6, l’Imudon pour renforcer les moyens de défense, l’Isoprinosine pour moduler l’immunité, et la prise de vitamine C sont souvent recommandés dans ces cas (14). Un adhérent nous signale aussi l’action bénéfique d’une cure d’oligo-éléments (association cuivre-Or-Argent Oligosol). Certains médecins (14) préconisent de brûler les lésions à l’acide trichloracétique, ce qui a pour effet de réduire la durée de l’affection : cette pratique (assez efficace) est déconseillée par d’autres médecins redoutant, à la longue, une modification des tissus et la formation d’une fibrose : prudence de rigueur !
Streptocoques et staphylocoques peuvent aussi être responsables de glossite (glossite staphylococcique, d’aspect framboisé, apparaissant à la suite d’un traitement antibiotique notamment).
Il en va de même de certaines maladies vénériennes.
(6) mycosique : Il s’agit souvent de candidoses apparaissant au cours de traitements antibiotiques (langue brune ou noire par ex., langue chevelue…) et qui cèdent habituellement, mais pas toujours°, à un traitement antifongique bien ciblé. (Remarque : L’origine mycosique de la langue noire ou chevelue (dite aussi langue villeuse ou pileuse) n’est pas toujours établie). (1) Antibiothérapie, stress, tabac, âge, mauvaise hygiène buccale ou alimentaire (carences en vitamines A et B), abus d’antiseptiques buccaux, diabète sont aussi incriminés, l’affection étant alors non contagieuse et de durée indéfinie. On préconise l’application d’acides rétinoïques, également des bains de bouche bicarbonatés – les bains de bouche H²0² étant en revanche déconseillés -, ou encore (1) le brossage de la langue après application d’acide trichlo à 50 pour cent. D’autres thérapeutiques : violet de gentiane, thymol, résine de podophylline, sont parfois appliquées) (l). La consommation d’ultra levure et de yaourts est traditionnellement recommandée pour prévenir la survenue des mycoses, et celle de propolis (10) préconisée par certains naturopathes pour les guérir (cure expérimentée avec succès° par l’un de nos adhérents) – ( voir rubrique : » La Propolis » ) Nous a été signalé, dans certains cas de mycoses rebelles° consécutives à une antibiothérapie, un traitement coûteux et délivré uniquement en milieu hospitalier (Triflucan 200 – le Triflucan 50 disponible en pharmacie n’ayant pas la même efficacité selon cet adhérent).
Bien connu, le Muguet des enfants est à classer dans la même catégorie d’affections.
Un cas particulier est constitué par la glossite losangique médiane (voir plus loin)
Le Sida peut aussi être à l’origine de mycoses de la langue.
Plus rares sans être exceptionnelles, d’autres glossites peuvent avoir pour origine : un virus : Citons le zona pouvant toucher la partie antérieure de l’hémilangue, ou encore, l’herpès caractérisé par des ulcérations punctiformes douloureuses succédant à un bouquet de vésicules passagères. Les cures de comprimés d’aciclovir (Zovirax), à titre curatif et/ou préventif, sont efficaces dans ce cas.
Les maladies infantiles (varicelle, scarlatine…) peuvent aussi s’accompagner d’une glossite.
(8) un trouble de la kératinisation, une maladie métabolique ou de système : C’est le cas des leucoplasies (taches nacrées sur le dos de la langue) n’entrant pas, ainsi qu’il a été dit, dans le cadre de cette étude ainsi que des lichens : le lichen plan, d’aspect variable, se présente comme « un enduit grisâtre disposé comme les mailles d’un filet » (2) ou « en feuille de fougère », en coulée, réseau « parfois peu visible, sauf sur les bords linguaux où les papilles sont absentes » (1). Il peut aussi se présenter sous formes de petites plaques dépapillées blanchâtres (comme des taches de bougie sur le dos de la langue), ou prendre une forme atrophique avec « zone centrale rouge, lisse, entourée d’une collerette blanchâtre où les stries de Wickham sont visibles », ou encore présenter une forme érosive et douloureuse (érosions bien délimitées et entourées du réseau typique) (1). Il peut être responsable de glossodynie. Le lichen plan, qui doit être surveillé, est habituellement soigné par corticothérapie locale et bains de bouche boratés, mais son traitement, de l’avis des médecins et des patients, passe encore pour décevant. Il est également soigné dans certaines stations thermales et notamment à St Christau ou Castéra-Verduzan (voir notre page » Glossopathies et cures Thermales « ). Une forme particulière de lichen (« réaction lichénoïde », « lichen atypique ») peut s’observer avec la prise de certains médicaments, mais régresse avec l’arrêt du traitement. Mais c’est aussi le cas du psoriasis lingual qui, selon plusieurs auteurs (2), ne formerait avec la glossite exfoliatrice marginée (voir détail ci-après) qu’une seule et même maladie. Comme cette dernière, le psoriasis lingual, évoluant par poussées, se signale par une langue géographique et fissurée.
(9) un parasite : rarement. Possible si vous avez séjourné en Afrique, Amérique du Sud, Asie ou Extrême-orient: consulter un spécialiste des maladies tropicales. (10) diverses maladies générales : Ces maladies, telles la glossite de Hunter signant une anémie pernicieuse (anémie de Biermer), n’entrent pas dans le cadre de notre Association.
Disons toutefois quelques mots du syndrome de Gougerot Sjögren, maladie auto-immune où à des problèmes linguaux (1) (« érythème marginal et dépapillation dorsale modérée au début ; atrophie papillaire marquée ensuite, avec aspect lisse puis progressivement lobule du dos de la langue ») sont associés divers symptômes et notamment une trilogie : sécheresse des yeux, de la bouche et des muqueuses en général (nez) et des problèmes d’arthrite. Il existe deux associations informant sur ce problème particulier : rapportez-vous à la page » Qui Consulter ? «
(11) un trouble génétique : Il existe plusieurs glossites d’origine génétique et qui demeurent mal connues. Pour tout renseignement sur les maladies génétiques et leur transmission, il convient de s’adresser au Centre d’Information sur les Maladie génétiques de l’Hôpital Necker (voir page » Qui Consulter ? « )
La glossite rhomboïde ou losangique médiane : touchant de 0,28 à 1,39 pour cent de la population, elle s’observerait surtout à partir de 30 ans et se signale par un placard rose vif ou rouge, en losange, affectant la ligne médiane du dos de la langue. Autrefois considérée comme une anomalie congénitale du développement de la langue, elle pourrait en fait, selon certains auteurs, être acquise – déclenchée puis entretenue par une candidose chronique. (l) De pronostic bénin, (jamais de dégénérescence), elle ne cède toutefois pas nécessairement aux médicaments antimycosiques. Une affection similaire est parfois observée chez les diabétiques.
La glossite exfoliatrice marginée dite aussi langue géographique. La langue fissurée ou plicaturée, accompagnant souvent la précédente (voir ci-après) Parce qu’elles peuvent se manifester dès l’enfance, et posent par là-même un problème particulier, nous avons choisi d’étudier à part ces deux affections.