Comme nous l’avons vu, inflammations et/ou névralgies de la langue (glossites et / ou glossodynies) peuvent parfois apparaître à la suite de soins dentaires.
Principaux accusés :
- 1) les métaux en alliages utilisés pour les prothèses, responsables d’allergie mais pouvant aussi provoquer un effet de pile : picotements, brûlures, goût métallique dus à un phénomène d’électrolyse.
- 2) les amalgames utilisés pour l’obturation des dents et qui peuvent provoquer aphtes, brûlures, salivation exacerbée, lésions de la muqueuse buccale et eczémas allergiques». Ils sont composés non de plomb, mais d’argent, étain, cuivre, zinc et mercure.
PROTHESES:
Les métaux précieux: (or, platine, palladium) utilisés pour les prothèses fixes, ainsi que le titane utilisé pour les implants, ne semblent pas poser de problèmes. Il en va différemment des métaux non précieux (nickel, chrome, cobalt, molybdène, béryllium) employés pour les prothèses amovibles et sur lesquels sont montées les fausses dents.
Le béryllium, outre sa toxicité, peut ainsi provoquer de fortes réactions allergiques… mais le médecin lui-même n’est pas toujours informé de sa présence dans un alliage.
Le nickel est également considéré comme l’un des dix allergènes les plus redoutables, avec le chrome et le cobalt auquel il est fréquemment associé. 10 à 12 pour cent des femmes y seraient sensibles. Or, on estime qu’un Français sur deux a du nickel en bouche. Bien qu’il soit censé demeurer captif, on constate en réalité que des fuites importantes se produisent au contact de la salive – avec les effets cités plus haut. Dissolution aggravée quand il y a aussi présence de béryllium.
Egalement incriminé° (une cinquantaine de cas rapportés), le colorant de la résine rose des dentiers. Selon un dentiste cité par l’un de nos correspondants°, « la Faculté dentaire de Paris aurait précisé la marche à suivre en pareil cas :
- 1) s’assurer que c’est bien la résine qui est en cause, et pour cela, quitter le dentier pendant une semaine et même plus. Si les douleurs cessent, c’est bien la résine qu’il faut traiter et pour cela :
- 2) dans un labo, la faire recuire à allure modérée pendant une semaine au moins, car les prothésistes se contentent parfois de 24 à 48 h, ce qui est trop court pour la polymérisation et l’évaporation du monomère… Sur 50 cas il y a eu 33 guérisons définitives, mais pas immédiates, par abandon du dentier ou son remplacement par une prothèse incolore (surtout) ou métallique.»
AMALGAMES:
Le même problème de fuite se retrouve avec les amalgames contenant du mercure. Sous l’effet de la mastication (repas) et de la corrosion (brossage des dents, fraisage), les amalgames libèrent des particules métalliques passant dans l’organisme. Cette corrosion est par ailleurs accrue au contact de l’or et d’autres métaux, parfois non apparents car placés sous des couronnes. Or, outre sa toxicité, le mercure peut être responsable de manifestations allergiques au niveau de la bouche, ainsi que de malaises, 11 pour cent de réactions allergiques lui sont attribuées, ce qui a conduit, au Japon, à en interdire l’emploi. De plus peut aussi se produire un effet de pile – la combinaison la plus nocive étant couronne en or + amalgame. Il existe une alternative à l’amalgame (incrustations), hélas extrêmement coûteuse. Les composites quant à eux sont une solution au polymétallisme, mais peuvent être responsables d’allergie. Pour éviter aussi bien les allergies que les courants galvaniques provoqués par le polymétallisme, il faudrait donc :
- effectuer un test d’allergie avant toute pose de prothèse (cependant, les tests d’allergie au béryllium, présentant des risques, sont interdits)
- savoir que la porcelaine, hélas fragile, est très bien tolérée
- savoir que les dermatoses sont plus souvent dues aux prothèses qu’aux amalgames.
- veiller à ne pas poser côte à côte des alliages différents.
Un système de carte renseignant sur les métaux employés pour la confection des appareils dentaires devrait prochainement être fourni par les prothésistes (Eurocard).
A propos des tests allergologiques, (exclusivement chez un allergologue), M. le Dr Hirsch fait observer qu’ « il est cependant rare qu’il existe un électro-galvanisme. Il est impossible d’être allergique à « certains vieux plombages »… Soit on présente une allergie et cela se manifeste depuis le début, soit on ne présente pas d’allergie…En tout état de cause, une allergie se voit sur la muqueuse. On peut faire un test simple en suspendant le port de ses prothèses pendant 15 jours afin de confirmer l’existence d’un problème en rapport avec la prothèse… La plupart du temps il s’agit plus d’une intolérance liée à la résine non totalement polymérisée qu’une allergie vraie.»